Etre mère célibataire
Quand la reconnaissance de la sexualité masculine s'oppose à la répression de celle des femmes, le mariage est la seule solution que la société accepte. Au Maroc les relations extraconjugales et l'avortement sont interdits. Et plus de 50 000 naissances hors mariage sont enregistrées tous les ans. Les femmes ont peur de la prison, des autorités, de leurs familles. La virginité n'est pas considérée comme une affaire intime, mais comme la propriété du clan familial élargi. Sa perte est vécue comme un déshonneur jeté sur toute une communauté… D’où le bannissement qui frappe, presque systématiquement, toutes les mères célibataires.
Terrorisées elles se séparent souvent de leurs bébés. Selon les associations, vingt-quatre nourrissons sont abandonnés chaque jour dans le royaume et trois cents cadavres sont retrouvés tous les ans dans les poubelles de Casablanca.
L’article 453 du Code pénal ne tolère l’IVG qu’en cas de « souffrances maternelles graves » pouvant « porter préjudice à la santé de la femme ». En dehors de ce périmètre, même en cas de viol, la femme qui avorte, celui ou celle qui pratique l’avortement, ainsi que les intermédiaires encourent une peine de deux à cinq ans de prison. Pourtant, chaque jour, 600 à 800 femmes ont recours à une IVG clandestine en milieu médicalisé. Et 150 à 200 femmes font appel, quotidiennement, aux services de « kablates » (sages-femmes traditionnelles) dont les gestes et les potions toxiques font courir des risques mortels aux jeunes femmes souhaitant avorter.
Celles qui ont le courage de garder leur enfant devront affronter le regard accablant de la société, les difficultés administratives, le rejet, l'humiliation. La société conservatrice, le rigorisme religieux les entraînent dans un calvaire qui prend parfois l'allure de menaces de mort et parfois aussi conduisent au suicide.
Le profil socio-démographique des mères célibataires se construit sur plusieurs caractéristiques : une situation socio-économique et familiale difficile, un faible niveau d'instruction, une activité professionnelle non qualifiée et précoce. On relève un taux significatif de femmes orphelines, de pères notamment, ce qui aurait un impact sur le groupe familial. La grossesse fait souvent suite à une relation suivie avec le père de l'enfant, les promesses de mariages n'étant pas tenues. L'exclusion et/ou la marginalisation des mères se traduisent par une migration hors de son contexte géographique et familial d’origine et par une baisse des ressources financières.
Il y a des progrès bien sûr, mais qui restent trop timides pour faire bouger les choses. La loi n° 37-99 de 2002 relative à l'état civil, permet à la maman célibataire de choisir un nom patronymique pour l'enfant (un nom de famille propre avec un prénom de père comprenant le préfixe « abd » ou lui donner son nom de famille à elle. Le code de la famille en 2004 permet la reconnaissance d'enfants nés en période de fiançailles. Rien n'est proposé pour les femmes violées.
Les femmes célibataires doivent pouvoir être accompagner juridiquement et administrativement. Elles doivent être prises en charge psychologiquement, accompagnées à développer une autonomie financière.
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Du point de vue sociétal l'éducation à la sexualité devrait pouvoir se démocratiser et être accessible à toutes les jeunes filles et tous les garçons à l'école. Dans les familles la culture du machisme doit être abandonnée ainsi que celle de la soumission des filles.